Couverture du roman de Patrick Vincelet, Entre estuaire et marnieres, éditions ZinédiEntre estuaire et marnières

Extrait du roman de Patrick Vincelet

PRÉAMBULE

Aphrodite est le nom de Vénus tout juste sortie de l’écume de mer, nommée ainsi par les Grecs, et dont on trouve l’inscription datée de 1754 en forêt de Bellême : aphrodifium. On sait par ailleurs que les traces de Mars, dieu des batailles, muni des pouvoirs de Mercure, emplissent le tapis légendaire du Perche. Mars conduit les mauvaises âmes aux enfers, les bonnes âmes à la lumière.

Cette constante de « deux » ou « en-deux »  se retrouve dans les marnières. Ces cavités creusées dans la craie se divisent en deux catégories : celles qui gardent une chandelle allumée « à sept pieds » de profondeur et celles, près de la surface du sol, dont la lampe à huile ne tient pas l’éclairage. Les unes ont une vie ésotérique ; les autres sont comme des trompe-l’œil pour décourager le curieux et le non initié. De même, il y aurait deux Vénus : celle allégorique des fontaines et des étangs du grand Perche, et celle inférieure du Perche-Gouët.

L’humain veut que tout soit blanc ou noir, petit ou grand ; en Perche, pays normand, le mystérieux défie l’humain : le sens « part » ailleurs. Ainsi dit-on « pair », soit « en-deux » qui cacherait l’unité, c’est-à-dire le « un », impair. On croit tenir la chose comptée ou nommée mais il y a toujours un en dessous, caché, enfoui, « impair », à savoir le nombre qu’on ne sait pas… Cette complexité culturelle ancienne liée aux invasions et au mixage des peuples a laissé des traces qui sont l’originalité des peuples conquérants. Un mot avec un sens cache un autre mot et un autre sens. Le taiseux, celui qui se tait, est le porteur et l’énonciateur de ce qu’il sait mais ne dit pas.
Curieusement, on retrouve le concept linguistique du signifiant et du signifié dans la langue percheronne. Curieusement encore, l’inconscient et la recherche du sens seraient-ils blottis dans les collines du Perche ?

Ce roman nous transporte de la Haute-Normandie au Perche normand, dans l’Orne, en passant par le Calvados. Il exprime une fascination pour ces personnages dans des allers et retours, tout comme la marée qui monte et descend dans un mouvement perpétuel. La double personnalité de quelques-uns rejoint « l’en-deux » symbolique de la Vénus.
Toute ressemblance avec des morts ou des vivants n’est pas fortuite, puisque le lecteur traverse un pays habité.
Les personnages sont ceux d’une fiction dans un cadre connu de l’auteur, de l’estuaire de la Seine aux collines du Perche, inspirée par les drames de la vie, les questions sociétales et la recherche du Sens passant par l’imaginaire. La Normandie, terre d’affection, enfante, dans ce conte philosophique, des êtres très différents qui jouent pleinement leur vie au risque de perdre leur partition au son des rumeurs.
Le narrateur, sorte de deus ex machina, fait parfois des incursions dans le récit pour faire part de son interprétation de certains faits.

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