Il y a des jours drôlement enrichissants pour l’esprit. Un dimanche après-midi du mois de juin 2016, je me suis assis sur mon canapé et j’ai dévoré alors que je sortais de table Les Fables de La Fontaine en argot. C’est avec un plaisir non dissimulé que je pris, non pas ma plume, mais mon ordi pour coucher ces quelques mots pour la préface de JL A.
Chez les Azencott je connaissais déjà le fiston, et il me manquait dans mon jeu le pater, ce fut chose faite grâce à la lecture de son livre.
Après avoir assidûment parcouru ce recueil rempli de verves riches et novatrices, je peux considérer, sans lèche flatteuse obligatoire, Jean-Louis Azencott comme le Raymond Queneau du stylisme, le Fréderic Dard du métaphorisme. Je n’irai pas jusqu’à pousser la comparaison à Michel Audiard mais il m’en faut peu pour l’énoncer, car j’aurais trop peur de lui faire contracter une phlébite synonyme de chevilles enflées.
Mais je dois avouer que je me suis bien marré grâce à la richesse de son vocabulaire gaulois mais aussi par la mise en scène revisitée sous forme de prose, ce qui donne à ces nouvelles fables un petit goût réminiscent des contes d’Andersen version grivoise.
Il n’est pas aisé de s’attaquer à ce monument scolaire et populaire que sont les fables de La Fontaine. Mais il s’y est attelé avec bonheur. Car on sent de la délectation, de la jubilation entre les lignes, les pages. Et bien évidemment cette nouvelle adaptation est empreinte d’humour, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Fort de ma culture cinématographique, je me suis imaginé Gabin en chêne, Mireille Darc en laitière ou Ventura en laboureur, et même Bernard Blier en rat des villes. C’est pour dire ô combien ces fables sont inspirantes.
Je pense qu’il faut du courage pour réadapter en langue gauloise ces fables ou tout simplement être passionné par cette langue du peuple, de la rue , des bas-fonds , des roublards qui, pour ne pas se faire prendre ou se faire comprendre entre eux, utilisaient ce langage codé. Ce recueil met une nouvelle fois en relief la richesse de la langue française.
C’est un bel héritage revisité que nous laisse Jean-Louis Azencott , une version nouvelle et enjouée qui fera la joie des passionnés du jargon francisé à la sauce argotique.
Et il nous engage une nouvelle fois à faire de l’humour mais pas la guerre !
Amicaïman vôtre
Pascal Légitimus, acteur et réalisateur français