Préface d’Eliane Deschamps-Pria, traductrice
Commentaires
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J’ai lu avec délectation l’analyse de votre roman par notre ami Robert. TouS deux : c’est un réel plaisir de vous lire.
En ce qui me concerne, j’ai beaucoup aimé ce dernier roman « Un prince mélancolique ».
J’ai aimé le rythme, on sautille de chapitre en chapitre, courts, chacun de quatre à six pages, aux longues phrases constituées de mots pensés, choisis avec rigueur, qui nous révèlent votre grande maîtrise de l’écriture.
Trouver le mot juste soumis à la rigueur de votre pensée; je reconnais, là, votre style d’écriture Martine.
Et comme le dit Robert, votre écriture est tellement riche de par votre culture littéraire, artistique, historique, que vous sublimez l’histoire en un récit concis, juste, en toute liberté. Mais l’on perçoit tout le travail derrière ces mots associés, les références.
Où l’on ressent votre chère Italie !
Ce roman est un modèle de mise en situation des particularités de chaque personnage. Le destin tragique pour les deux êtres aimés en ce XVIe siècle. La volonté de puissance, de grandeur, de domination de l’homme et la soumission d’une femme. Mais cette puissance et finalement cette grande impuissance ou faiblesse, le mènent finalement aux plus vils agissements… envers l’être aimée !
« L’histoire d’une vie », pas d’un homme commun, celle d’un prince du XVIe siècle. Quelle vision avait-il de lui-même ?
De la petite enfance, d’une classe sociale définie, jaillit l’avenir et le destin humain. Dans le contexte du livre, pouvait-il choisir autrement ?
Pour autant on n’échappe pas selon les milieux sociaux aux tourments de la vie, qui nous mèneront de toute façon à une fin inéluctable. Mais, peut-elle être subie ?, comme cette pauvre Diane… Choisie ? Organisée ?
En tout cas il y a des phrases très fortes, Martine, qui nous obligent à mener réflexion…
Pour ce Vespasien, pouvait-il éclaircir sa pensée par la découverte de l’art antique ? La grandeur et la puissance peuvent-elleS guérir une âme ? Non, apparemment…
A la fin, toutes ces ruines corrompent-elles la vision du réel ?
Quel aurait été le destin de ces personnages dans les siècles suivants ?
Voilà Martine, pour moi, en simples mots, je vous exprime le plaisir que j’ai eu à lire ce dernier ouvrage, et la curiosité suscitée sur l’approfondissement de mes connaissances, qui me pousse à ouvrir toujours des livres d’Histoire !
De nombreuses questions me restent en suspens et peut-être vous les poserai-je ? ou pas !
Merci. -
On retrouve dans ce livre les grands thèmes qui lui sont chers : la rencontre amoureuse d’exception celle des retrouvailles, la recherche d’un absolu dans cette rencontre, la sublimation d’ordre culturel, la quête du raffinement, un regard lucide sur la société de cette époque qui est comme toutes les autres en l’absence d’illusions sur l’humanité, celle des petites scènes de la vie ordinaire. La passion d’une telle rencontre amoureuse ne peut être que brève car trop intense pour s’inscrire dans la durée, il n’y a pas d’amour sublime heureux. On ne peut plus vivre sur les décombres d’un tel passé, c’est trop de désillusion et de douleur. Dites ces mots, ma vie, et retenez vos larmes.
Certes l’époque est celle des excès totalitaires de pouvoirs politiques et religieux, eux aussi tournés vers la recherche d’un absolu exigeant et intolérant. Ce n’est pas un hasard si l’action se situe dans cette Italie qu’elle célébrait déjà dans les retrouvailles et dans cette deuxième partie du quatorzième siècle où l’inquisition est puissante et dominatrice.
L’écriture est à la hauteur des personnages emblématiques du récit. Elle est le fruit d’un acquit culturel que rien ne peut remplacer. On ne se construit pas sans travail et trop de gens aujourd’hui veulent nous le faire croire. Le style est dense, chapitres courts, portés par un riche vocabulaire qui célèbre la langue française, le fond et la forme transcendés par une histoire tragique qui ne souffrirait pas l’absence de talent. On sourirait de tragédies raciniennes si leur écriture n’était pas à la hauteur des passions. Il est des entreprises culturelles avec lesquelles on ne peut pas tricher, faut-il se donner les moyens de pouvoir les aborder.
Il me semble que comme pour Julie Clain, ce livre célèbre une certaine idée de la femme qui paye toujours le prix le plus élevé de la rencontre amoureuse. Julie Clain se débat face à la vindicte rurale de son temps qui pardonne tout à l’homme et rien à la femme forcément provocatrice du péché, et Diane se morfond d’être réduite au repos du guerrier Vespasien, serviteur de Philippe II d’Espagne. Au fond Vespasien trouve plus de brutale jouissance dans la guerre que dans l’amour, porté par un orgueil qui domine tout.
Je crois partager avec Martine Gasnier la nostalgie d’un passé qui nous a laissé un si brillant témoignage de son exigence culturelle et religieuse, celui des cathédrales, des châteaux, des œuvres picturales, musicales, et littéraires. Que serions-nous sans eux, sans ses témoignages qui nous aident à vivre, et à nous accepter tels que nous sommes en ce monde façonné par l’argent, la seule valeur à laquelle il croit encore.
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