L’Inconnu du portAcheter

Roman de Martine Gasnier

Rayon : Historique

Le Havre 1886 : Tandis que les dockers triment sur le port et que les sans-travail manifestent, la Compagnie générale transatlantique lance ses paquebots à destination de New York. Au Bistrot du port, Marie recueille un vagabond amnésique auquel elle n'aura de cesse de redonner son identité.
Entremêlant grande Histoire et destins individuels, Martine Gasnier entraîne le lecteur dans un voyage au cœur des luttes ouvrières pour la dignité.

ISBN 978-2-84859-236-7
168 pages - Format 133 x 203
Livre broché 16,90 € - Acheter
Livre numérique 6,99 € - Acheter (formats EPUB, PDF, MOBI)

Revue de presse

Commentaires

  • Robert. C

    1 Robert. C Le 31/12/2021

    En cette fin du 19° siècle, ce qui reste de la noblesse est réduit à faire de la figuration, celle superbement décrite par Proust dans la recherche du temps perdu. C’est l’avènement du pouvoir de la bourgeoisie qui a pris le relais. Bien qu’issue de la Révolution française, elle n’est ni humaine ni sociale, et il suffit de lire les règlements intérieurs des entreprises de l’époque pour constater son vrai visage. Le pouvoir par l’argent et l'élection par le savoir des grandes écoles a supplanté celui conféré par le sang bleu. Les élections sont faites pour les notables qui partout détiennent le pouvoir.
    Et ce pouvoir règne en maître sur les quais du port du Havre d’où surgira l’inconnu du port, personnage central d’un livre qui s’inscrit dans la lignée des précédents écrits de Martine Gasnier. En effet plusieurs similitudes le relient à l’itinéraire d’un révolté : rencontres de Jean et Mathilde quarante ans plus tôt, celle de l’inconnu du port et de Marie dans ce dernier. Le thème de la rencontre est cher à l’auteure qui par ailleurs semble vouloir régler son compte à une bourgeoisie dominée par des hommes dont l’image est peu reluisante. La condition féminine est sous-jacente et ce n’est pas un hasard si l’emblématique Louise Michel, victime en janvier 1888 d’un attentat se soldant par une blessure à la tête est citée. Dans le sillage de ces années couve aussi, l’affaire Dreyfus, six ans plus tard, qui coûtera ultérieurement si cher politiquement à une droite antisémite et conservatrice...
    Au servage a succédé un salariat contraint, qui en est la forme moderne, et qui ne laisse pas le choix aux plus défavorisés, main d’œuvre vouée aux plus dures et plus basses besognes, futur grand prolétariat du travail à la chaîne. Recueilli par Marie qui tient l’humble bistrot du port, l’inconnu a certes perdu la mémoire, mais ce qui lui reste d’instruction lui permet de donner une structure à la lutte ouvrière des dockers.
    Rentrer davantage dans le déroulement du récit serait priver les lecteurs de sa prenante découverte.
    Martine Gasnier reste fidèle à ses chapitres courts et denses dans lesquels elle va à l’essentiel et en arrière-plan se profilent toujours les injustices, les préjugés, les prétentions, les contraintes, les contradictions, les certitudes, de la société du moment. La permanence de ce regard désabusé sur nos institutions en dit long sur la désillusion qu’elle inspire à l’auteure.
    C’est la relation amoureuse qui se noue dans chacun de ses livres qui permet à certains de ses personnages de ne pas sombrer dans un pessimisme noir. Elle serait celle qui donne la force vitale de tout surmonter. Le thème de la rencontre providentielle, celle qui éclaire une vie, lui donne un sens, semble lui être cher.

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