Pour que justice soit faite

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Roman d’Alexis Ruset

Rayon : Historique

Julie était la fille du chaos. Le mal dont elle souffrait était congénital. Il provenait du choc violent entre la France et l’Algérie, ces deux sources auxquelles sa mère avait bu, les deux terres qui l’avaient nourrie et dont elle-même était pétrie. L’hérédité l’avait coupée en deux. Elle se croyait unique, faite d’une seule pièce, alors qu’une autre se tenait derrière. Cette fracture la minait. Pour la réduire et se reconstruire, il lui fallait combler le trou dans son corps et le puits d’ignorance où elle avait vécu. Elle n’y parviendrait qu’en assumant pleinement sa part algérienne, qu’elle avait jusqu’alors seulement constatée sur son visage et perçue dans le regard d’autrui.

ISBN 978-2-84859-195-7
280 pages - Format 156 x 234
Livre broché 20 € - Acheter
Livre numérique 7,99 € - Acheter (formats EPUB, PDF, MOBI)

Revue de presse

Pour que justice soit faite est le troisième et dernier volet de la saga familiale initiée avec Pour que la mort ne crie pas victoire et poursuivie avec Pour que l’honneur soit sauf.

Commentaires

  • Alain

    1 Alain Le 06/11/2019

    Ce troisième tome de la saga se révèle digne des précédents ! Et comme les précédents il offre plusieurs niveaux de lecture.
    C’est d’abord un très beau roman, animé de personnages ordinaires et de personnages qui le sont beaucoup moins sans pour autant être des héros mythiques, traversé par des passions de tous ordres, le tout sur fond d’évènements dramatiques qui dépassent les personnages mais auxquels ils concourent chacun à sa façon. Un récit ne ménageant pas le lecteur par son intensité dramatique et ses surprises.
    Et le tout dans un style toujours aussi précis, puissant et néanmoins poétique. Deux phrases relevées à la lecture : « Dans l’eau profonde de ses yeux bleus flottait un infini de stupeur triste » (ch. X), c’est sublime ; puis au chap. XXIII, même si elle est longue, je ne résiste pas au plaisir de la recopier : « Il aimait l’été, quand le paysage jaillissait dans la lumière d’un crépuscule embrasé, quand l’ombre des chênes se tachetait de soleil, quand celle des nuages, glissant dans le silence bruissant du vent, couraient sur les prairies brûlées, quand la tombée du jour apportait la paix du soir avec la fraicheur subite des nuits de montagne. Il aimait l’automne, quand le brouillard flottait comme une écharpe sur le ruban sombre de la rivière, l’hiver, quand le ciel blanchâtre s’émiettait en flocons, le printemps, quand les coquelicots jetaient le long des pentes le rouge éclatant de leurs pétales sanglants. »
    Pour tout cela d’abord le livre mérite d’être lu.
    Mais, même si ce n’était pas l’objectif, le roman constitue aussi une merveilleuse leçon d’histoire ! Moi qui suis, je le confesse, plus adepte de l’histoire des siècles passés et de l’antiquité, que de l’histoire contemporaine, j’ai mieux compris l’issue de la guerre d’Algérie que jamais. Ta documentation et ton talent font qu’on a l’impression que tu as vécu ces évènements, comme tu semblais avoir vécu la deuxième guerre mondiale après avoir vécu la première ! Sans prendre position pour tel groupe contre tel autre, tu exposes des faits, tu cherches à comprendre et, loin de toute idéologie ou réponse toute faite, tu emmènes le lecteur dans l’enchaînement dramatique des évènements et des réactions, des erreurs et des incompréhensions, des compromissions et des lâchetés. Une phrase m’a marqué au chap. XIV qui résume à elle seule le grand malentendu de l’histoire de la France et de l’Algérie : « Fiers de leurs ascendants qui avaient arraché à un pays de pierres et d’épines le meilleur de lui-même pour en faire un jardin, ils réalisaient que cela s’était fait sans tenir compte de ceux qui le peuplaient avant eux, et qu’ils avaient fini pour ça par le perdre ».
    La dernière partie de l’ouvrage, centrée sur les conversions aux conséquences dramatiques de Djamel et Julie, est bien sûr une séquence d’une actualité brûlante, aux liens pertinents avec des personnages et des évènements ayant, hélas ! réellement existé. Sans sombrer dans les explications faciles et bien- pensantes des médias et de certains politiques, tu mets en exergue combien l’islam peut se révéler un idéal, et même le djihad une ambition vécue comme noble, pour des jeunes qui ne se reconnaissent pas dans ce qu’est aujourd’hui la civilisation occidentale ; et pour ça ils n’ont pas besoin de vivre dans la pauvreté ni dans une cité-ghetto de banlieue, car plus l’Occident offre le spectacle du délitement de ses structures sociales et de son mode de vie, plus il encourage les rigoristes de tous horizons. Certes, il ne faut surtout pas réduire à cet aspect les causes de la radicalisation, mais c’en est une généralement passée sous silence ; « Maintenant, c’est la civilisation décadente de l’Occident et ses mœurs scandaleuses qui sont menacées » (chap. XXIV)
    Tu n’écris pas avec l’intention de faire œuvre de pédagogie mais cette dimension est réelle sur des sujets à forte sensibilité.
    Pour tout cela aussi, le livre mérite d’être lu et conseillé.
    « Pour que justice soit faite » constitue également et fort heureusement un grand moment d’humanité ; certes, justice est faite, jusqu’à la dernière ligne, et la morale est sauve pourrait-on dire. Mais l’honneur est aussi omniprésent : en positif chez Renaudin, Salim et, à sa façon chez Julie, en négatif chez Pellegrin et a fortiori Guérite. La fidélité aussi a toute sa place, fidélité à des personnes et fidélité à des valeurs ; j’ai relevé à cet égard une très belle phrase, au chapitre XXIi : « S’excluant l’un l’autre deux serments, celui échangé dans la joie avec Odile devant le maire et celui fait dans la douleur à Pierre et Salim sur leurs tombes.
    Deux formes de fidélité qui se disputaient sa conscience, et qu’il revenait à une troisième, l’honneur d’arbitrer ». Cet honneur redonne de l’optimisme au récit, comme on l’avait perçu à la lecture des deux ouvrages précédents et j’y suis personnellement très sensible.
    Au fond, dans un enchevêtrement d’évènements qu’ils ne peuvent maîtriser, pour peu qu’ils le veuillent et qu’ils portent les valeurs qui le leur permettent, les hommes peuvent reprendre la main et donner du sens à leur vie.
    Pour tout cela aussi, le livre mérite d’être lu, conseillé et médité.

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