Epopée amoureuse en Pays Marchois

Extrait du roman de Michel Méar

Prologue

Ceci est le récit d’une histoire quelque peu insolite. C’est l’aventure de deux êtres, exquis certes, mais dont j’ignorais encore totalement l’existence jusqu’à cette fameuse nuit du 15 mai 2011. Cette nuit-là, ils s’invitèrent dans mon rêve pour s’aimer. Ils l’ont envahi d’une douceur et d’une délicatesse exceptionnelles. S’il existe dans la vie de rares moments de grâce, incontestablement pour moi celui-ci en fut un. Heureusement, ils n’ont pas voulu mourir le matin venu. Ils sont revenus, obstinés, s’aimer les nuits suivantes. Je leur avais laissé la porte de mes rêves ouverte.

Lorsque la passion s’apaisa, nous fîmes connaissance.

— Qui êtes-vous, d’où venez-vous ?

Il lui prit la main.

— Je te présente Marie, la fille du comte de Saint-Aubin, le seigneur du domaine de Villevomont.

Espiègle, elle effectua une élégante révérence, se redressa, radieuse.

— Lui, c’est Jean, le fils du régisseur de ce même domaine. L’amour se joua aisément de ces différences de condition pour nous unir dans un même cœur. Nous venons de loin, de très loin, d’une autre époque, presque d’un autre monde…

Puis ils m’ont raconté leur histoire, une longue histoire…

Une si belle histoire, que ce serait commettre un péché que de vouloir la conserver par-devers soi, aussi ai-je souhaité la partager avec vous. Peut-être viendront-ils alors frapper à la porte de vos rêves dans le seul but qu’ils poursuivent : s’aimer.

Pour cela, il faut vous préparer, c’est un long périple, un profond dépaysement, un vertigineux retour dans le passé. Ouvrez votre cœur, videz votre tête, respirez calmement. Libérez votre imagination, laissez-la gambader à sa guise à travers cette épopée intemporelle.

Transportez-vous dans cette campagne paisible, vallonnée, boisée, verdoyante, égayée par le mélodieux chant des asiots ponctué par le brauilla des bovins, bercée par le doux murmure de la rivière. Elle respire la sérénité sous ce beau ciel bleu dans lequel paressent quelques nuages cotonneux.

Écoutez cette cohorte paysanne, laborieuse, tout de noir vêtue, chaussée de sabots, entourée d’une nombreuse et bruyante grenipille qui s’interpelle en patois, tirant l’iaigue au puits ou accroupie sur le bachot du lavoir, partageant au rythme des battoirs les derniers ragots du village.

Observez ce paysan menant, bâton en main, sa paire de bœufs nonchalants, protégés du joug par le fronteau, attelés au tombereau lourdement chargé de gerbes de blé mûr ou d’enfants…

C’est à un voyage dans ce siècle dit des Lumières qui va éblouir l’humanité et la sortir, enfin, de son obscurantisme, que je vous invite.

Imaginez la révolution que vont enfanter ces mots magiques : « LES HOMMES NAISSENT LIBRES ET ÉGAUX. »

Votre imagination est-elle en marche ? Alors laissez-la vous mener vers mes amoureux. Enjoués, heureux, ils sont là, ils vous attendent. La chabrette se gonfle pour fêter votre venue.

Bienvenue en Creuse !

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