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Récit de Gabriel Macchiavelli

Rayon : Témoignage

Nous sommes dans les années soixante, dans une France prospère et généreuse où chacun peut se faire sa place. Les parents du petit Gabriel y ont fait la leur, à Nice, sur la colline de Magnan, où ils cultivent les fameux œillets. C’est dur, mais moins que la misère de leur pays qu’ils ont dû fuir après la guerre. C’est sur cette colline que le petit Gabriel est né et a grandi.
Gabriel Macchiavelli nous raconte dans La Colline ses années d’insouciance, les bonheurs simples, la solidarité, même si le racisme n’était jamais très loin.
Un récit d'enfance, frais, naïf, joyeux

ISBN 978-2-36741-000-5
178 pages - Format 135 x 215
Livre broché 17 € - Acheter

Revue de presse

Extrait

Je suis né en 1965, en plein été, au moment où les cigales et le soleil accordent leurs violons. La naissance, c’est vraiment le hasard : tu peux naître à Tombouctou, Sao Paulo, New York ou à n’importe quel endroit sur la planète… Je suis né à Nice. Certains vont dire : « Ah, tu es Français ! » Non Môssieur, je suis Niçois ! (et ça, j’y tiens !) et comme je dis souvent (en plaisantant quand même un peu), au-dessus de Saint-Laurent-du-Var (distant d’une dizaine de kilomètres pour ceux qui connaissent pas), c’est le Nord et après Cannes (vingt-cinq kilomètres environ), c’est le grand Nord !
  Je suis Niçois et fier de l’être ! Et toc !
  Et comme je l’ai si bien appris en grandissant, il y a la Corse, Nice, et la France…
  De ma naissance il ne me reste que ce que l’on m’en a rapporté. Maman me disait souvent en rigolant (et plus sérieusement quand j’étais désobéissant…) : « Tu n’étais pas encore né que déjà tu m’… ! » En effet, la grossesse n’a pas été de tout repos. Maman était obligée  presque dès le début  de dormir sur le dos, le bras droit tendu à l’horizontale. Il n’y avait, m’a-t-elle dit, que dans cette position où elle arrivait à peu près à être bien. En plus, il paraît que j’étais infernal, je n’arrêtais pas de bouger et m’agiter.
  Pour continuer dans le plaisir, je suis « sorti » avec deux mois d’avance ! Un kilo neuf cents à la naissance… Un bon prématuré ! (qui a su donner raison à une cartomancienne qui avait prédit à maman une grossesse tardive et un accouchement difficile). Ma première maison a donc été l’hôpital, dans une couveuse pendant plusieurs semaines. Les quelques rares personnes qui ont été admises à me voir à cette période m’ont dit que « c’était impressionnant ». J’avais des tubes et des fils un peu partout, et en plus on m’avait « scotché » les bras et les jambes, car je n’arrêtais pas de bouger et de m’arracher tout l’attirail. Pour couronner le tout, j’étais tellement maigre qu’on pouvait compter mes côtes et qu’on voyait battre mon cœur !
  Mais bon, deux mois après ma naissance (en septembre et au moment où je devais naître si la grossesse avait été à terme), j’ai fini par intégrer le domicile familial, pour la plus grande joie de tout le monde et de ma frangine en particulier.
  Tout était prêt : les biberons, les couches taillées dans les draps (eh non, les couches avec « le petit élastique là » n’existaient pas encore) et les épingles à nourrice pour les faire tenir, les habits, la poussette.
  J’étais un bébé braillard, et un peu fainéant sur les bords, car il paraît que j’ai attendu très longtemps avant de commencer à marcher.
  Mais bon, l’anecdote m’a été souvent racontée et je vous la rapporte telle que : c’est dimanche, et toute la famille est dans la « salle aux fleurs » en train de préparer le marché pour le lendemain. S’y trouvent également la marraine de ma sœur et son mari qui nous rejoignent tous les dimanches pour passer la journée ensemble.
  Il pleut à n’en plus finir, les gouttes font un vacarme assourdissant sur les tôles en fer qui recouvrent la salle de travail, ces tôles ondulées qui récupèrent l’eau et la laissent couler à flot vers le bas de la pente. En ce qui me concerne, je suis au premier étage de la maison, tranquillement en train de dormir.
  Maman demande à la marraine de monter dans ma chambre voir si tout se passe bien.
  La marraine s’exécute et elle revient tout affolée, car j’ai disparu de mon lit.
  Ma mère panique à son tour, mais à peine a-t-elle franchi la porte de la salle aux fleurs pour aller me chercher qu’en tournant la tête elle me voit… tout bonnement sous la gouttière, l’eau coule à grands flots sur ma tête, et moi je ris, je ris de plaisir !
  C’est ce jour-là, pour la première fois, que je quittai mon lit seul et que je descendis les escaliers. Comme je ne savais pas encore marcher, je me suis sans doute traîné tant bien que mal sur mon derrière. D’ailleurs, au grand désespoir de toute la famille, je me suis pendant très longtemps déplacé assis sur le sol.
  Je dois sans doute avoir une attirance pour l’eau, car une autre fois je me trouvais assis sur le rebord du bassin où mon père laisse tremper les fagots d’œillets. Le bassin n’est pas haut, soixante, quatre-vingts centimètres peut-être. À côté de moi, il y a une amie de la famille qui est venue passer le dimanche avec mes parents. Et plouf ! je tombe dans le bassin. L’amie me regarde tranquillement faire la pierre au fond de l’eau, et heureusement que mes parents sont prompts à me sortir de cette situation…
  Enfin, qu’on ne se méprenne pas, je ne suis pas un casse-cou !

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