Michel.Carlier15, 17 avril 2024
« Ce roman m'a pris aux tripes , je ne connaissais pas l'histoire du Kurdistan , sinon de façon nébuleuse , j'ignorais l'ampleur des massacres perpétrés par Saddam Hussein (185000 personnes , un véritable génocide ) , et voilà que j'ai ce livre entre les mains .
Car Fawaz Hussain , l'auteur de Un Kurde à Ithaque, a vécu dans sa chair le martyre de cette bourgade , Halabja , 5000 personnes massacrées en 5 minutes avec de l'ypérite , le gaz moutarde . Comme des rats , pour éliminer des éléments indésirables . Fawaz Hussain est resté aveugle pendant trois mois , et il a gardé seulement 30 pour cent de ses capacités pulmonaires . Sa famille et sa fiancée ont tous été assassinés , sa ville de naissance a été rayée de la carte .
C'est à un double voyage que l'auteur nous invite , un voyage mémoriel et un voyage à travers l'histoire de la Grèce et de sa mythologie . Fawaz Hussain est un érudit , il connait l'histoire d'Ulysse comme sa poche , il va à la recherche de Pénélope et de Télémaque , tout en sachant que de ces personnages mythiques , il ne reste plus rien , même pas quelques ruines du palais d'Ulysse .
Ce qui est fascinant , c'est qu'il tombe , en allant chez les Hellènes , sur des sirènes grecques tout à fait contemporaines , et dont les noms sont ceux des muses de la mythologie , Calliope , Clio , Euterpe , ne manque qu'Aphrodite .
Puis il y a tous ces noms qui évoquent l'Odyssée , Ménélas , Agamemnon , Hector , le Péloponnèse , Mycènes , ou encore la bataille de Salamine .
Retour en arrière dans la période faste de cette Hellas de Périclès ou d'Alexandre le Grand .
Un ami parisien le surnomme « Kurde atypique , réfugié apolitique et rêveur éthylique » , ce qui n'est pas loin de la vérité , car Fawaz Hussain a adopté la France comme son nouveau pays , et la France l'a adopté . Mais notre Kurde reste toujours entre plusieurs cultures , celle de son Kurdistan irakien , celle de la France , mais aussi la culture hellénique .
Malgré ses désillusions et sa tristesse , Fawaz Hussain garde son humour , cela transparait à chaque page , il n'hésite pas à se moquer des mollahs et de leurs promesses de houris dans l'au-delà. Son humour est peut-être la lucidité du désespoir. »
MarineBvB94, 15 avril 2024
« Je ne connaissais pas Fawaz Hussain, je ne connaissais pas le Kurdistan, ni l'histoire des Kurdes. La très efficace préface de Kendal Nezan offre les clés pour appréhender le voyage tant réel que spirituel de Fahrad.
Ce livre est un beau voyage, empreint de poésie, de rencontres, de tranches de vie et de cheminements internes à travers la Grèce et à travers la vie. J'ai vécu un beau moment de lecture, malgré mes connaissances lacunaires de la mythologie grecque, tant et si bien qu'à plusieurs reprises je ne savais plus si j'avais à faire à l'un de ces personnages vivant en Grèce ou à une déité mineure dont l'existence m'avait échappé. le style très imagé a permis d'exacerber mon imagination et d'avoir la sensation de cheminer avec Fahrad.
Enfin, je terminerai par l'objet livre : lectrice de mon temps, j'alterne la littérature sous toutes ses formes : liseuse, audiolivres ou encore papier. Il y a quelque chose d'extrêmement sensuel avec Un Kurde à Ithaque. Je me suis à plusieurs reprises surprise à caresser ces pages en papier à la douceur de pêche. »
Sabimali, 1er avril 2024
« L'auteur Fawaz Hussain nous dévoile un superbe et terrible roman. D'un exilé nommé Farhad, à Paris, il va poétiquement, nous faire vivre, son histoire intérieure, de par son périple en Grèce. Mais je laisse cette partie à d'autres lecteurs qui en parlent mieux que moi. Ce que je retiens de cet ouvrage, la poésie et la force de ses écrits, parsemés d'autodérision. Un mélange de culture, de mythologie, d'inspiration orientale. On part avec Farhad, dans les tréfonds d'une âme meurtrie par la perte de sa bien aimée Chirine, de l'ignominie humaine et de son identité Kurde.
Il vous faudra connaître ou replonger dans la mythologie grecque, aller à la découverte d'auteurs tels que Cavafy, Khayyam.
C'est une belle lecture et je m'en suis délectée. »