Un plan Art et Essai pour le livre

Par Le 09/10/2018 0

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Dans une lettre adressée à la ministre de la Culture et publiée sur le site du Monde Diplomatique, Guillaume Basquin, co-fondateur des éditions Tinbad, propose un plan "Art et Essai" pour préserver l’édition indépendante et, par là même, la bibliodiversité :

« C’est en effet en se basant sur ce qui s’est pratiqué depuis l’après-guerre dans le cinéma en France, avec le succès que l’on sait (la France est devenue l’abri pour tout le cinéma de recherche mondial et a réussi à imposer la notion d’exception culturelle), que l’on pourra tenter de sauver la Littérature de recherche française : imposition de quotas aux librairies qui bénéficient de subventions publiques avec un label bien identifiable. Des Tartuffes rétorqueront que c’est déjà le cas avec le label LIR (pour Librairie de Référence)… Quelle blague ! On y voit ici le dernier Dan Brown, l’auteur de Da Vinci Code ; là les livres « politiques » de la dernière campagne présidentielle… Sans quotas drastiques, c’est toujours la main aveugle du marché (et des lecteurs qui risquent de ne connaître que les produits soutenus par le marché) qui dicte sa voix. Rien à faire ?… Si ! Comme dans le cinéma, où il est de notoriété publique que les salles « art & essai » n’ont pas accès aux gros films ni même aux « films du milieu », il faut, sous peine de perte des subventions d’État, qu’un lecteur qui entrera dans une librairie de type « Art & Essai » soit sûr de n’y pas trouver les mêmes livres qu’ailleurs ! Solution utopique ? communiste ? fouriériste ? Mais dans le cinéma, c’est ce qui est appliqué toutes les semaines, et depuis des dizaines d’années : avec en plus une taxe sur le prix des billets, qui permet que les gros films contribuent au financement des petits, etc. Qui se plaindrait de ce cercle vertueux ?

Dès les années 1930, les grand studios hollywoodiens mettent en place un contrôle vertical de leurs productions : ils achètent ou construisent des centaines de salles pour montrer exclusivement leurs propres films. Pensez-vous une seconde qu’un John Cassavetes ou qu’une Shirley Clarke aurait pu trouver de la place avec un tel système ? Un arrêt de la Cour suprême des États-Unis, dit « United States versus Paramount Pictures » (1948), y mit fin. Le voici synthétisé par Wikipédia : « La cour estima en effet que les pratiques des studios, qui détenaient leurs propres circuits de distribution, leurs propres chaînes de cinéma et négociaient des droits d’exploitation exclusifs, étaient en violation des lois interdisant certaines formes de restrictions verticales. Pour le droit de la concurrence, cette décision fit jurisprudence pour les cas ultérieurs de contestation des formes d’intégration verticale. »

 

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