L'Orchestre assassin

Critiques libres - 2 décembre 2024

« [...] L'enquête est menée par un musicien et sa compagne et aboutit en fin d'ouvrage.
L'auteur, sous son vrai nom, Pascal Scheuir est corniste à l'Opéra Orchestre national de Montpellier Occitanie.
Son récit lui offre l'occasion de nous faire découvrir la vie d'un orchestre lorsque le rideau tombe: répétitions, répertoire, vie syndicale, entourage de l'orchestre : régisseurs, administration; habitudes et lieux "repères" des musiciens.
Il explore aussi la psychologie - parfois fragile - des participants d'un univers qui , appelés à se montrer souvent, peuvent développer des troubles de l'ego, de la personnalité. Et quoi de plus normal lorsqu'on je découvre que l'auteur est également psychanalyste après un long travail sur lui-même.
Il analyse aussi les ressorts de la vie d'une ville bourgeoise de province , ville imaginaire, inspirée de l'Avalon d'Arthur mais peut-être aussi d'Avallon... ceci reste une hypothèse basée sur la morphologie de la ville décrite dans le roman.
J'ai accompagné la lecture du roman de la découverte, de l'écoute des oeuvres reprises au répertoire de l'orchestre d'Avalon. Je n'ai pas poussé le bouchon jusqu'à me servir un p'tit ballon pour trinquer virtuellement avec les musiciens.
J'ai passé un agréable moment en compagnie de Gérard, Valérie, Jean-Pol, Claire et les autres... et, si vous recherchez un agréable moment de détente, cet ouvrage peut constituer votre prochaine lecture. »

Bafie sur critiqueslibres.com

AlterMidi, article de Michèle Fizaine - 29 novembre 2024

« L’orchestre assassin, au tempo d’un crime polyphonique

La musique a ses secrets de famille, et chaque orchestre conserve ses souvenirs, ses expériences, ses répertoires, tout ce que les fidèles abonnés aux concerts voudraient partager davantage pour vivre la musique de l’intérieur. Nous avons, dans notre enfance — et plus tard — découvert les instruments de « Pierre et le Loup », de « Piccolo, Saxo et Cie », du « Carnaval des animaux », et Jean-François Zygel nous fait visiter le répertoire pour livrer « Les Clefs de l’orchestre », tandis que Christian Merlin plonge dans son émission comme dans son livre « Au cœur de l’orchestre ». Portant le même titre, les concerts organisés à Montpellier par le maestro Michael Schønwandt laissent le souvenir d’une belle expérience d’immersion, nouvelle, magique. Passons sur la série satirique danoise « L’Orchestre » de 2022…

Un héros tromboniste mène l’enquête

Mais que la mort donne le « la », c’est une belle idée : le nouveau roman publié en octobre par Pascal Lagrange, « L’Orchestre assassin » permet, à travers une histoire criminelle, de découvrir la vie d’un orchestre de l’intérieur, ses pupitres, ses musiciens, son chef, sa direction, ses amis…. Le lecteur est initié par le personnage principal Gérard Sicot, tromboniste de l’orchestre d’Avalon à partir de 1974, soliste brillamment intégré à la formation avec son diplôme du Conservatoire de Paris. S’il décrit la vie de l’orchestre, pour le plaisir du lecteur, c’est en suivant le fil d’une enquête menée par le musicien et son amour complice. Des programmes classiques et des morts imprévues, une diabolique machination… le récit entretient l’énigme du titre accrocheur, et cette sombre histoire, qui dure une bonne quinzaine d’années, n’a pas un dénouement heureux, même si le mystère est éclairci.

La fin laisse médusé le lecteur détective empathique, mais c’est l’aboutissement de regards croisés, les principaux étant ceux de Gérard et de Valérie son amoureuse, mais aussi d’autres personnages plus voués à la quête du coupable qu’à l’explication du crime. La preuve est faite, mais le récit ne suit pas le schéma classique d’un polar, car l’approche de l’orchestre, selon le principe d’un miroir qui ne renvoie pas la vraie image, est essentielle.

L’orchestre est une scène de crime

Entre enquête et diagnostic, angoisse et « distorsion de point de vue », la mort s’empare de la vie, énigmatique dans les suicides, toujours présente quand les symptômes sont si proches des pathologies fréquentes chez les musiciens (dystonie, hypoxie, herpès, tendinites…). On ressent ce temps « mortifère » arrêté, l’« incomplétude » des artistes, le frisson de « la mort sans la mort ».

Le contexte criminel fait que l’on n’est pas dans une visite guidée de l’orchestre. Au hasard des concerts défile un sacré répertoire, qui est tout de même celui des années 70, plutôt classique, avec aussi les surprises du Groupe des Six au festival de printemps. Mais tandis que les morts se succèdent, on partage les débats et réunions syndicales, la vie des coulisses, la salle de répétition et le café « Saint Jo », le quotidien banal ou l’échappée belle au volant d’une mythique Rover, l’addiction au verre partagé, l’entretien et la réparation, la dépendance à l’instrument, le rituel d’accord des musiciens. On découvre les solistes, les instruments pittoresques comme timbale, contrebasse et tuba. Volent les surnoms et moqueries, et le concours de recrutement est un grand moment, tout comme les conflits avec les chefs d’orchestre, très rarement sympathiques. Ces échanges violents ouvrent une autre question : qui dans l’orchestre assassine l’idéal musical de la musique partagée ? [...]

Lire la suite de l'article de Michèle Fizaine sur Altermidi.org

Les lecteurs de Babelio

cordeschamps, 21 novembre 2024

Cinéma et littérature, la trame du roman de Pascal Lagrange rappelle les scénarios de deux films captivants de Hitchcock et de Truffaut : le coup de cymbales meurtrier de L'homme qui en savait trop du premier (1956) et les crimes de Jeanne Moreau dans La mariée était en noir du second (1968). La différence est que les deux réalisateurs – dont les entretiens passionnants ont donné naissance au célèbre Hitchbook (1966) – ont dû faire appel l'un au compositeur Arthur Benjamin et le second à Bernard Hermann, tandis que Pascal Lagrange, instrumentiste soliste authentique d'un orchestre réputé, a fait confiance à son propre talent, à ses connaissances techniques et à ses observations personnelles du haut de la rangée des cuivres qu'il occupe à l'arrière-plan de l'orchestre. Ce point de vue surélevé est intéressant ; c'est habituellement de la salle que les écrivains notent leurs impressions souvent partielles, soit d'une loge, soit de l'oeil du prince dans l'axe central des fauteuils d'orchestre. À l'inverse du public, Gérard voit la plupart de ses camarades de dos ou de profil et ce qu'il contemple du chef est inédit. Ce dernier lui faisant face, aucun des gestes du maestro, aucune des expressions de son visage ne peut lui échapper.
Les indications d'ordre médical ou pharmaceutique du récit sont par ailleurs étonnantes de précision. Si certains lecteurs prétendent souffrir de la lenteur de la narration, ceux d'entre eux atteints de leucémie aiguë myéloïde sauront dire que le terme de cette maladie, les temps d'attente et de cure de chimiothérapie en milieu hospitalier sont souvent un parfait entraînement à la patience.
Maintes caractéristiques de l'ouvrage sont reposantes, comme la nature de la relation de Gérard et Valérie évoquée avec simplicité, sans détails scabreux, ou bien d'autres détails décrits avec une minutie apparemment superflue mais en réalité révélateurs d'une attention peu commune.
Enfin, Pascal Lagrange fait usage d'un procédé rarement adopté dans les romans policiers, il s'agit de la fusion du sort de la dernière victime à la fin du livre avec le rôle que ce personnage a tenu jusque là. L'épisode est triste, mais elle s'apparente à l'histoire drôle qui circulait, il y a près de 75 ans : l'ouvreuse d'un cinéma qui projetait un film policier à haut suspense, excédée par les exigences bruyantes d'un spectateur, finit par lui lancer en l'invitant à sortir : « L'assassin, c'est le juge ! ».

souris_grignoteuse_de_livres, 11 novembre 2024

Un roman des plus intrigant de par sa thématique abordée. En effet, se retrouver au coeur de la musique, de sa composition, de son interprétation est ce qui m'a attiré et ce qui m'a plu dans ce roman. Clairement, l'intrigue tournant autour des meurtres des musiciens est très prévisible mais la réflexion autour de l'orchestre est très intéressante. Certaines répliques m'ont fait beaucoup réfléchir. le sens de la vie, de la mort, la place de la musique dans nos vies et cette alternance entre la vision du spectateur de cet orchestre et être au coeur de l'orchestre et de ces intrigues, de sa vie propre ont rendu ce roman bouleversant sur certains points. La plume, tantôt rapide, tantôt lente, tantôt saccadée, tantôt langoureuse, se lit comme une partition de musique. J'ai beaucoup aimé pouvoir découvrir ce titre et cette thématique peu abordée. Toutefois, je pense que les néophytes en musique et en orchestre pourraient être un peu perdu sur les termes utilisés mais rien de grave, la compréhension se fait aisément au fil des pages.

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