L’Inde, un voyage sans retour
« Dans ce pays aux multiples facettes, le décalage entre modernité et pauvreté est tellement violent qu’il nous atteint au plus profond de notre être. On parle beaucoup de syndrome du voyageur, ou syndrome de l’Inde, un trouble psychique qui se manifeste lorsque un individu se retrouve confronté à la réalité parfois insupportable du quotidien dans lequel il est plongé.
Dans ce syndrome de l’Inde, le personnage du roman y tombe la tête la première. "Ce voyage provoque des étincelles et chamboule les émotions de cet ancien ingénieur, très carré, et fragilisé par son récent divorce. Et puis cet homme qui n’a pas véritablement fait de crise d’adolescence, et bien c’est en Inde qu’il va la faire. L’Inde provoque un tel électrochoc qu’il perd le contrôle. Mais au final, ce chemin de croix va lui apporter beaucoup. Il fait évidemment de belles rencontres, mais remet surtout en cause sa façon de percevoir le monde et les autres. L’Inde lui a en quelque sorte ouvert les yeux."
Rédiger une lettre de réclamation à destination de l’éditeur du guide est crucial. Pourquoi ? Car cela offre quelque chose d’essentiel au personnage : du recul. "Cette lettre lui permet de mettre des mots sur le voyage. Il se rend compte de toutes les péripéties qu’il a vécues. Et grâce à cela, il perçoit les côtés positifs : il voit le monde différemment, il s’est défait de sa raideur, il est désormais plus ouvert aux autres et plus proche de sa famille", explique Christine Sagnier.
La Lettre de réclamation parcourt l’Inde, jongle avec l’autodérision, l’humour, en bringuebalant son personnage d’une situation invraisemblable à une autre. "Ce livre se moque aussi du regard qu’on peut avoir sur quelque chose qu’on ne connaît pas, qu’on ne comprend pas et qui nous choque. Au final, la véritable solution selon moi, c’est de se laisser aller."
L’objectif du livre n’est en aucun cas de décourager les voyageurs désireux de partir en Inde. Le roman révèle autant les richesses de l’Inde que ses travers, sans en oublier les nôtres. "Le problème avec les voyages, c’est qu’on part souvent avec nos idées préconçues, uniformisées et aseptisées". Le livre déconstruit cet imaginaire doré et exprime toute la puissance d’un périple en Inde, une aventure qui prend aux tripes et qui change. Plus que les autres. Et puis à travers ce format original, d’une lettre adressée à un éditeur de guide touristique, Christine Sagnier en profite aussi pour leur envoyer une petite pique : "J’ai moi-même constaté que lorsque l’on se fie aux guides, nous ne sommes pas à l’abris de grosses déconvenues." [...] »
Lire l’article complet d’Adrien Filoche sur le petit journal